CULTURE JEUNE : L'EGLISE, UN CLUB OU UN CORPS?

S'il fallait commencer quelque part au moment d'évoquer les Églises de jeunes, c'est peut-être par la force de la louange. Celle-ci est l'un des traits principaux de la spiritualité inaugurée dans les années 1980, en Australie, par le Hills Christian Life Center (Centre de vie chrétienne de Hills). La spiritualité de cette Église – fondée par des personnes issues des Assemblées de Dieu – connaîtra un tel engouement que le mouvement en viendra à changer de nom, en 1998, pour s'appeler « Hillsong », contraction de « Hills » et de « song », en référence aux chants de louange qui ont fait sa popularité.

Le style de ces chants dit en condensé la conception de l'Église propre aux mouvements qui s'inspirent du modèle Hillsong. C'est d'abord une Église qui redit des thèmes classiques de la foi évangélique, avec des inflexions charismatiques, dans les termes de la culture jeune. Rien ne distingue la musique de ces chants de la pop rock que diffusent les radios ou les sites Internet de téléchargement. Ainsi, Leo Bigger, le fondateur d'International Christian Fellowship (ICF Church) et pasteur à Zurich d'une méga-Eglise qui réunit plusieurs milliers de personnes, déclarait qu'il avait reçu une vision pour la louange lors d'un concert du groupe « séculier » Bon Jovi.

MOYENS DE COMMUNICATION

Cette adéquation avec la culture jeune se traduit aussi par l'utilisation des moyens de communication. Pendant les célébrations, la prestation et l'équipement du groupe de louange sont similaires à ceux de n'importe quel concert professionnel. Les membres de l'équipe de louange sont choisis sur casting suivant des critères qui n'ont rien à envier à la « Nouvelle Star » : leurs compétences musicales, mais également leur apparence physique et leur look sont évalués. De même, les sites Internet de ces Églises sont extrêmement dynamiques : ils présentent un graphisme contemporain, prennent appui sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter et mettent en ligne vidéos et podcasts des cultes.

CELLULES DE MAISON

Les célébrations dominicales sont une « vitrine » conçue pour attirer les gens de l'extérieur. Une part essentielle de la vie ecclésiale se passe dans des rencontres hebdomadaires sur le modèle des cellules de maison. On se retrouve chez l'un ou l'autre pour parler de son vécu spirituel, prier ensemble et, parfois, partager la cène. Dès qu'un nouveau venu franchit le seuil de l'église, il est rapidement invité à rejoindre l'un de ces groupes.

EVANGELISATION ET TRANSFERTS ...

Ces Églises de jeunes font de l'évangélisation l'une de leurs priorités. Si l'on prend le cas d'ICF (présent dans plusieurs pays européens), les participants sont encouragés à avoir une VIP, une « personne très importante » qui n'est pas convertie, pour laquelle ils prient en vue de l'amener à l'église. Mais, en réalité, l'essentiel du recrutement se fait auprès d'évangéliques ou de protestants qui quittent leur groupe de jeunes pour rejoindre une Église de ce type, quand ce n'est pas l'ensemble du groupe qui part de son assemblée d'origine pour suivre son responsable promu « leader » dans une Église de jeunes. Des modes de recrutement qui ont suscité un certain nombre de tensions entre des responsables spirituels d'assemblées plus anciennes et les pasteurs de ces nouvelles Églises, les premiers assistant impuissants au départ de leur jeunesse et tentant de provoquer, souvent sans succès, un échange avec les seconds. Car le modèle des « anciennes Églises » est présenté comme dépassé et appelé à s'éteindre.

EVALUATION