Le philosophe et écrivain roumain Emil Michel Cioran a plaisanté: «S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu ». Ou encore cette autre boutade: « Quand Dieu est absent, les anges écoutent Mozart, en sa présence, c’est uniquement Bach ».
Le 25 décembre 2015, mon épouse et moi avons eu l’occasion d’écouter l’oratorio de Noël de J. S. Bach dans la salle de musique à Wuppertal. Un cadeau de notre fille Manuela et de sa partenaire.
Bach a composé l’oratorio de Noël en 1734 sous la forme d’une cantate sacrée, une œuvre vocale et instrumentale en plusieurs mouvements. Elle est composée de six parties.
1. La naissance de Jésus, mouvements 1 à 9 pour Noël le 25 décembre
2. L’annonce faite par l’archange Gabriel de la naissance de Jésus, mouvements 10 à 23, pour le 26 décembre.
3. L’adoration des bergers pour le nouveau-né, mouvements 24 à 35, pour le 27 décembre
4. L’adoration du nom de Jésus, mouvements 36-42, 1er janvier.
5. 1ère partie du récit des rois Mages, mouvements 43 à 53, 2 janvier.
6. 2ème partie du récit des rois Mages, mouvements 54 à 64, pour l’épiphanie le 6 janvier.
La première présentation a eu lieu à Leipzig en 1734/1735 en alternance à la Nikolaikirche et à la Thomaskirche.
J. S Bach nous prend sur le chemin de l’Avent à Noël.
Après le majestueux : «Exultez, jubilez ! Debout, glorifiez ces jours, louez ce que le Très-Haut a fait aujourd’hui ! Laissez la crainte, bannissez la plainte, entonnez des chants pleins d’exultation et de jubilation ! Servez le Très-haut avec des chœurs splendides, honorons le nom du souverain!» il retourne encore une fois à l’Avent avec les paroles : «Comment dois-je te recevoir, et comment te rencontrai-je ?»
Avoir vécu et écouté cette imposante et en même temps si émouvante musique, cette grandiose proclamation du message de Noël, la première réponse est la réflexion et l’adoration dans le silence. Et oui, gardons tout cela en mémoire comme Marie.
Mais il en va bien comme Bach le fait, laissant la voix à l’évangile de Luc à la fin de la troisième partie : »Puis les bergers prirent le chemin du retour. Ils célébraient la grandeur de Dieu et le louaient pour tout ce qu’ils avaient entendu». Après cette exceptionnelle visite des bergers à l’étable et leur louange, nous n’entendons plus rien d’eux. Les plus belles histoires exprimées en musique et en paroles prennent fin. Vraiment ? La musique, les paroles, qui nous habitent, nous accompagnent. Ce que j’ai entendu, qui est devenu chair en moi, devient mon, notre histoire. C’est pourquoi, retournons avec cette bonne nouvelle de l’évangile dans notre quotidien, qui n’est pas toujours dépourvu d’embûches, dans notre monde avec tant d’injustice et de violence, nous portons pourtant cette ferme conviction et assurance de continuer d’agir pour une transformation de la violence en humanité.
L’histoire de Noël devient mon, notre histoire. La musique de l’oratorio deviennent ma, notre musique. Les paroles pleines d’espérances deviennent mon, notre espérance.
Voici que les places des choristes, des solistes, des instrumentalistes sont vides et c’est très bien. C’est à nous de prendre les places et porter cette musique d’espérance par nos vies. C’est à mon tour, à notre tour de porter cette musique d’espérance autour de nous. De prendre nos concitoyens dans un nouveau matin où DIEU est loué, adoré par nos paroles et nos gestes, notre être.
Daniel Geiser-Oppliger