HANSULI GERBER |
Publié dans le cadre de notre collaboration avec les
Editions mennonites Art. paru dans : Christ Seul No 1076 mai 2017 et Perspective No 5-2017 |
Chanter la prière du Notre Père au culte, est-ce régulier, fréquent, ponctuel ou inconnu dans votre Eglise? Plusieurs versions existent, au choix! La prière par laquelle Jésus nous instruit comment prier.
Cette prière, confiée à ses disciples par Jésus comme modèle, est un manifeste de la transformation - pourtant elle n’est que rarement intégrée dans les cultes mennonites. D’autant plus que la prière ne parle pas de «moi», elle parle de «nous». Ainsi sont dépassés l’individualisme et le matérialisme ambiants pour se focaliser sur le Royaume de Dieu. Les Amish accordent une place centrale au Notre Père dans leur vie quotidienne privée et communautaire. Et si nous le récitions ou le chantions régulièrement dans nos cultes?
L’adresse pointe vers ce Tout Autre, sans nom prononçable, pourtant intime: Notre Père (Abba = papa), ni Dieu, ni Seigneur, ni Tout-Puissant, qui es aux cieux: (au pluriel) non pas sur la terre ni dans l’Eglise.
VOEUX
Les voeux pour l’Eternel nous incitent à nous orienter vers ce qui compte au-delà de l’espace et du temps :
Que ton nom soit sanctifié : le nom que l’on ne prononce pas, parce que Dieu n’a pas de nom humain: celui qui est, celui qui était et qui sera. Sanctifié : c’est ce qui inspire le respect ultime, qui est tout autre, inébranlable.
Que ton règne vienne : le règne du Père qui est au cieux est décidément différent des règnes de ce monde. Lorsque son règne vient, les règnes humains, aimés ou haïs, disparaîtront. Or nous tenons à nos petits règnes à nous et à nos républiques.
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel : c’est le voeu la plus menaçante pour l’ordre actuel ici-bas, car ce qui se fait dans les cieux doit se faire sur la terre. Demander que la volonté du Père soit faite ici exige de lui faire de la place.
DEMANDES
Les demandes pour notre vie remettent nos besoins à leur place.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour : c’est la seule et unique demande qui concerne la vie matérielle. Quel contraste avec les aberrations d’une société matérialiste, où la plupart des préoccupations, des intérêts et des ambitions sont orientés vers ce qui est matériel !
Pardonne-nous nos offenses… La demande du pardon est aussitôt liée à sa condition : comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. C’est un fait explicite que le pardon est lié à la volonté de pardonner.
Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal. Lorsque la tentation s’impose, car elle fait partie de la vie, nous avons besoin de retenue. Ne sous-estimons pas la demande d’être délivrés du mal. Nul autre n’a la capacité de nous libérer du mal.
Finalement, retour à l’affirmation de ce qui a été dit au début : Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Choses que tant d’humains aimeraient tellement obtenir. Mais le règne de l’amour, la puissance non-violente, la gloire partagée, sont réservés à Dieu pour l’éternité.
INTERPELLATION
- Nous prions que son nom soit sanctifié - pourtant nous parlons très facilement de Dieu, le mettant à toutes nos sauces…
- Nous demandons que la volonté du Père soit faite - pourtant nous tenons beaucoup à nos très chères idées et pratiques…
Pour aller plus loin :
- partition : recueil ALLELUIA n° 62-21, ARC EN CIEL n° 182 ou encore JEM 171, 590, 819
- enregistrement version de N. Rimsky-Korsakov chantée en français (et ce n'est pas un chant destiné uniquement aux funérailles comme le laisse sous-entendre l'image d'accueil Youtube de ce très bel enregistrement!)
- enregistrement version contemporaine