LILIANE GERBER |
Publié dans le cadre de notre collaboration avec les Editions mennonites Art. paru dans : Christ Seul No 1097 avril 2019 |
Voici un chant pour le temps de Carême et de Pâques où nous faisons mémoire des souffrances et de la mort de Jésus.
Le questionnement, la plainte, le désespoir dans un chant ne sont pas chose courante. Le chant invoque un Dieu d’abord absent, silencieux : où es-tu ? Pourquoi ne te manifestes-tu pas ? Es-tu mort ? Job a dû attendre pour retrouver une trace de Dieu. Dans le récit de Job, Marion Muller-Colard entend « la supplication muette d’un Dieu qui cherche un homme pour le sauver ».
IL VIENT … SANS APPARENCE
Sans tapage, Dieu nous rejoint dans notre humanité en Jésus de Nazareth. En serviteur, il vient nous assister dans nos souffrances et questionnements.
Dans les répertoires de nos chants, le Christ silencieux, faible et humble n’est guère présent. Ce constat, Dennis Thielmann, formateur en musique et en théologie au Bienenberg, l’a récemment exprimé dans une vidéo. N’y a-t-il pas un déséquilibre dans notre louange ? Où est le Christ faible, vulnérable comme nous, qui nous apporte amour, bienveillance et miséricorde ? Nos yeux ne sont-ils pas trop fixés sur sa majesté, sa puissance, sa royauté ?
SA FAIBLESSE EST FORCE
Si le début du chant nous interpelle et nous invite à affirmer avec joie la force du Seigneur dans sa faiblesse : par sa mort la vie nous est rendue ! La quatrième strophe nous encourage à nous engager à sa suite, renouvelés par l’amour de Dieu, pour plus de paix dans ce monde.
Par son style, ce chant rappelle le negro spiritual. Olivier Nusslé, né en 1926 à Genève, est considéré comme le pionnier de l’introduction du negro spiritual en Suisse. Les Compagnons du Jourdain,qu’il a fondés et dirigés, l’ont fait connaître. Il a composé de nombreux chants et harmonisé une centaine de negros et gospels. Il a surtout fait connaître les chants afro-américains, donc ceux des plaintes, des cris du cœur, de la recherche de Dieu qui rétablit la justice et partage les souffrances.
PAROLES
1. Toi qui gardes le silence tout le jour, ô Seigneur,
Nous crions à la violence.
Ne vois-tu pas nos souffrances ?
Es-tu mort, ô Seigneur ? Es-tu mort, ô Seigneur ?
2. Tu partages nos souffrances sans un cri, ô Seigneur,
Nous t’attendions en puissance,
mais tu viens sans apparence.
Tu t’es fait serviteur, tu t’es fait serviteur.
3. Elle est force, ta faiblesse sur la croix, ô Seigneur !
Par tes liens, tu nous délivres,
par ta mort tu nous fais vivre.
Tu es grand, ô Seigneur,
tu es grand, ô Seigneur !
4. Ta parole nous engage à lutter, ô Seigneur,
Dans ce monde où tout s’écroule,
ton amour nous renouvelle.
Tu es fort, ô Seigneur,
tu es fort, ô Seigneur !
Pour aller plus loin :