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HANSULI GERBER
ÉGLISE DE LA
CHAUX-D'ABEL 
(CH)

Publié dans le cadre de notre collaboration
avec les
 Editions mennonites
Art. paru dans :
Christ Seul No 1120 juin 2021
 

Ubi caritas et amor, Deus ibi est
Là où sont charité et amour, Dieu est (présent)

Sérieusement, qu’y a-t-il de théologiquement plus fondamental à dire que Dieu est amour? La référence biblique se trouve dans 1 Jean 4, 16b: "Dieu est amour et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. " Cela peut s’appliquer à un endroit où est vécu ou appliqué l’amour.

UNE AFFIRMATION FONDAMENTALE
Et pourquoi serait-ce fondamental? Parce que, selon Jésus, ultime révélateur de l’amour de Dieu, le commandement le plus fondamental est celui d’aimer. Tout ce qu’on peut affirmer en plus concernant Dieu reste accessoire, voire spéculatif. Il n’y a pas d’amour en-dehors de Dieu. Par contre, l’affirmation que là où est l’amour et la charité, Dieu est présent, sera décisive de nos choix, nos actions, nos engagements et nos destinations. En plus, l’affirmation ouvre la possibilité qu’autrui, dans son acte de charité et d’amour, puisse être en Dieu, même s’il ne correspond pas à mon image d’un chrétien ou d’un croyant. Cela est essentiel.

Affirmer cette vérité simple et pourtant déterminante, engageante et libératrice par le chant en commun lors du culte est important. Nous venons au culte non pas pour nous produire, mais pour affirmer ensemble ce qui est fondamental et fondamentalement commun dans la foi. C’est ainsi que seront marqués nos esprits et nos orientations, aussi pour nos enfants. La charité, c’est un geste d’amour, qui lui est un état d’âme - pas une émotion - inspiré par Dieu seul.

CHANTER EN LANGUE ANCIENNE
Est-ce que le fait que ce chant soit en latin pose problème? Pourquoi ne pas chanter de temps en temps dans la langue vieille de plus de deux millénaires, faisant partie du berceau de notre civilisation, couvrant différentes cultures et à l’origine de la diffusion de la bonne nouvelle du Christ?

Est-ce que sa musique et son rythme ne sont pas au goût de certains? C’est parfaitement légitime, car cela relève du goût musical et culturel, divers comme les préférences de couleur ou de saisons. En même temps, il n’y a aucune raison de privilégier, dans une communauté ou fédération d’Églises, un seul style musical, nommé en général contemporain. La diversité musicale fait partie de la diversité culturelle, qui est aussi importante pour une communauté que la diversité sociale ou de personnalité. Limiter la musique ou le chant à un seul style serait une énorme perte pour une communauté qui souhaite affirmer l’amour de Dieu. Cet amour s’étend sur le monde entier, à travers cultures, odeurs et couleurs.

CONTEMPLATION
Ce chant, avec sa belle harmonisation à 4 voix, transporte une joie tranquille et résonnante. Il invite à être chanté plusieurs fois de suite, lentement et au volume variant de fortissimo à pianissimo. La contemplation, tellement nécessaire dans notre monde ivre de spectacle et de bruit, a besoin de calme, de répétition, de temps. La musique souligne l’affirmation dite par les paroles, aussi simples que profondes.

À PROPOS DES PAROLES

L’auteur du texte est un inconnu de St-Gall du 9e siècle et le compositeur est Jacques Berthier (1923-1994) de Taizé, connu pour ses belles harmonisations contemplatives.

Pour aller plus loin :

CHANTER EN ET HORS ÉGLISE