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HANSULI GERBER
ÉGLISE DE LA CHAUX-D'ABEL  
(CH)

Publié dans le cadre de notre collaboration avec les
Editions mennonites
Art. paru dans :
Christ Seul No 1074 mars 2017 et Perspective No 3-2017
 

Ce chant calme, simple et profond, à chanter après la lecture biblique dont il est inspiré ou après la prédication, met en valeur l’idée du don de sa vie. Cela peut prendre le sens littéral ou figuré. Ce qui importe, c’est le don de soi et l’abandon à Jésus. Présentation.

La première strophe du chant paraphrase la parole de Jésus selon Jean 12.24. (« Je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il demeure seul ; mais s’il meurt, il portebeaucoup de fruit. ») Jean est le seul évangéliste à citer la parole du grain qui doit mourir pour germer. Cette parole, bien connue parmi les chrétiens, Jean la situe dans le contexte de l’annonce de la mort proche de Jésus. Matthieu et Luc reprennent la parole selon laquelle ceux qui cherchent à préserver leur vie la perdront. Qui s’y accroche restera seul, sans vie. Selon Matthieu, Jésus ajoute : « Et quel avantage l’homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il le paie de sa vie ? » (Mt 16.25)
 
DON DE SOI

La deuxième strophe passe du passif à l’actif: «qui à Jesus s’abandonne trouve la vraie vie. » Cette phrase renvoie à une autre parole de Jésus qui dit : « Je suis la vie. » Mais que veut dire « s’abandonner » ? Se sacrifier ? Tomber dans la fatalité ? Le chant vise un autre sens : « Heureux l’homme (la femme) qui se donne. ». Dans Mt 9, Jésus cite le prophète : « Dieu désire la bonté (la miséricorde), et non les sacrifices. » (Mt 9.13 ; Os 6.6).
 
GELASSENHEIT

Une marque historique des anabaptistes est l’abandon à la miséricorde divine face aux circonstances menaçantes (Gelassenheit). Dans notre société, la préservation et la défense de sa propre vie, de ses biens et de son confort, prend une place privilégiée. Assurances, sécurité, défense et autres mesures de protection coûtent cher et veulent être au centre de nos préoccupations. Que signifie dans ce contexte l’abandon à Jésus ? Il n’y a pas de recette – sauf prier, chanter et oeuvrer pour que nous trouvions cette attitude spirituelle et mentale. Car il s’agit d’un mystère : désirer Dieu de tout son être.
Mourir est incontournable. Je ne connais ni les conditions ni les circonstances de ma mort. Pour celui à qui la vie est ôtée de force, c’est cruel et injuste. En vérité, les bourreaux et leurs serviteurs peuvent tuer le corps, mais pas la vie, ni l’amour, ni la lumière. A nous de faire le choix du sens que nous donnons à notre mort, quelle qu’en soit la cause.
 
MOURIR

Mourir peut aussi prendre un sens non-physique et figuré: mourir au sens de l’abandon de ce que l’on a jusque-là ardemment poursuivi.
S’abandonner à Jésus qui est un avec le Père, c’est suivre ses pas et faire comme il a fait : agir avec humilité et non-violence (« douceur », cf. Mt 11.29). C’est ainsi que je retrouve la vie et la paix.
La fin de la prière attribuée à François d’Assise résume et complète le sens de ce chant :
« Fais de moi un instrument de ta paix...
Car c’est en pardonnant qu’on est pardonné.
C’est en donnant qu’on reçoit.
Et c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »
 
Paroles
 
1. Grain de blé qui tombe en terre,
Si tu ne meurs pas,
Tu resteras solitaire,
Ne germeras pas.
2. Qui à Jésus s’abandonne,
Trouve la vraie vie.
Heureux l’homme qui se donne,
Il sera béni.

 

Pour aller plus loin :

 

CHANTER EN ET HORS ÉGLISE