Comment passe-t-on d’une Église avec une compréhension traditionnelle des rôles à une conviction de la nécessité d’une complémentarité hommes-femmes dans les ministères de direction?
Michel Sommer, enseignant au centre de formation du Bienenberg et ancien dans une Église donne ici son témoignage.
Le point de départ de mon cheminement est l’Église évangélique dans laquelle j’ai grandi comme enfant et jeune, au sein de laquelle j’ai reçu le baptême sur confession de foi à 17 ans, pour laquelle je me suis engagé comme membre actif pendant quelques années.
Les femmes s’y occupaient des enfants, du ménage et d’autres tâches pratiques, de l’accueil autour de repas à la maison, accompagnaient au piano les chants de l’assemblée lors du culte. Elles y priaient à haute voix, étaient très présentes aux activités de l’Église, entraient en conversation avec les visiteuses surtout pour accompagner de manière informelle. Les femmes ne prêchaient pas (même si des femmes missionnaires en Afrique intervenaient ponctuellement – en soirée et non lors du culte ? – dans ce qui pouvait ressembler à une forme de prédication-exhortation qui ne disait pas son nom). Les femmes ne présidaient pas les cultes. Les femmes ne distribuaient pas la cène.
Enfant, puis jeune, cet état de fait avait un caractère d’évidence. Chacun avait son rôle, les choses et les personnes étaient à leur place. C’était ainsi, point. Personne n’en faisait son cheval de bataille, ni pour démontrer que la direction et l’enseignement relevaient du domaine masculin, ni pour militer pour l’accès de femmes à ces fonctions. Occasionnellement, on devait je pense évoquer les textes de l’apôtre Paul limitant cet accès, plutôt en passant, et comme une confirmation d’une pratique établie.
J’ai donc grandi dans la foi et la vie chrétiennes avec cette compréhension bien ancrée en moi, comme un axiome.
Mon point d’arrivée, depuis un certain nombre d’années, est le suivant : les femmes peuvent, à égalité, autant que les hommes, assurer des fonctions de direction et d’enseignement dans l’Église.
Comment suis-je passé du point de départ à ce point d’arrivée ? Je me souviens des moments suivants, autant d’étapes dans ce cheminement. Suite