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Publié dans le cadre de notre collaboration
avec les Editions mennonites Art. paru dans : Christ Seul No 1156 oct. 2024 |
Ce chant nous invite à la méditation et à l’humilité devant l’amour insondable de Dieu pour nous.
Par ce chant, chacun de nous est amené à s’émerveiller devant cette grande question : qui donc est Dieu ? Ce chant ne tente pas d’y répondre de manière frontale, car les mots les mieux choisis ne suffisent pas pour décrire la Trinité, mais chaque paragraphe permet de contempler quelques attributs de notre Dieu, au travers de sa face visible, c’est-à-dire en la personne de Jésus-Christ.
POURTANT SI VULNÉRABLE
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En lisant les évangiles, on découvre que Celui par qui toute la création a été créée a aussi connu la faim, la soif, la tristesse, la souffrance et même l’angoisse dans le jardin de Gethsémané.
Le deuxième couplet rappelle le lien indéfectible entre les deux commandements les plus importants de la Loi, l’amour de Dieu et l’amour du prochain. En effet, c’est en sachant son prochain fait à l’image de Dieu que chaque chrétien est appelé à réellement aimer et servir son voisin.
On chante ensuite « Qui pleure notre mal comme une mère ? ». Combien de fois lit-on dans les Évangiles que le Christ prend en pitié ses interlocuteurs ? Ce passage me rappelle aussi le verset le plus court de la Bible : « Jésus pleura » (Jean 11 v.35) lorsque la mort de son ami Lazare lui est annoncée.
NOTRE PAIN À CHAQUE CÈNE
Bien loin d’un dualisme méprisant le corps au détriment de l’esprit, « appeler nos corps jusqu'en Sa Gloire » nous rappelle le sens de la vie chrétienne : lui ressembler toujours plus et prendre part à Son Royaume, c’est-à-dire communier pleinement avec Lui. La Résurrection de notre Sauveur et Seigneur préfigure aussi la résurrection corporelle de tous les justes à la fin des temps.
Chaque paragraphe de ce magnifique chant que j’ai choisis pour mon baptême mériterait au minimum un ouvrage de théologie, mais la subtilité de ce chant réside selon moi dans le fait de laisser part au Mystère de la Trinité, si cher à l’Église Orthodoxe. Ces paroles m’amènent à voir ma propre pauvreté de compréhension face à notre Dieu, victorieux sur le mal et la mort, mais d’une manière qui dépasse totalement les conceptions humaines de la force et de la victoire.
Fraternellement,
PAROLES
1. Qui donc est Dieu, pour nous aimer ainsi, fils de la terre ?
Qui donc est Dieu, si grand, si fort, pourtant si vulnérable ?
2. Qui donc est Dieu, que nul ne peut aimer s'il n'aime l'homme ?
Qui donc est Dieu, qu'on peut si fort blesser en blessant l'homme ?
3. Qui donc est Dieu, pour se livrer perdant aux mains de l'homme ?
Qui donc est Dieu, qui pleure notre mal comme une mère ?
4. Qui donc est Dieu, qui tire de sa mort notre naissance ?
Qui donc est Dieu pour nous ouvrir sa joie et son Royaume ?
5. Qui donc est Dieu pour être notre pain à chaque Cène ?
Qui donc est Dieu pour appeler nos corps jusqu'en sa Gloire ?
6. Qui donc est Dieu? L'Amour est-il son nom et son visage?
Qui donc est Dieu, qui fait de nous ses fils à son image ?
Paroles : J. Servel,
Musique : J.-P. Lécot
Pour aller plus loin :
- version chantée à 4 voix (enregistré le 8.09.2024 Chapelle de La Chaux-d'Abel Suisse)
- partition publiée par la Fondation d'édition des Eglises protestantes romandes / éditions Saint Augustin CH 1890 St-Maurice
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Dans les années 80 du siècle dernier, j'ai eu l'occasion de participer à un concert lié à une messe. Une soprano chantait le Sanctus. Elle n'avait pas seulement une voix professionnelle. Il ne s'agissait pas seulement pour elle d'atteindre la perfection vocale et musicale. C'était clair, sans équivoque, elle chantait les mots avec une conviction profonde, comme si elle se tenait devant Dieu.
Après le concert, je suis allé la voir et je lui ai dit : "Vous chantez comme un ange !" Sa réponse fut : "Le premier Sanctus a été chanté par des anges".
Le Sanctus provient de la vision de la vocation d'Isaïe. Les séraphins crient à Dieu dans le temple : קָדוֹשׁ קָדוֹשׁ קָדוֹשׁ ה' צְבָאוֹת מְלֹא כָל הָאָרֶץ כְּבוֹדוֹ - Kadosh Kadosh Kadosh Adonai Tz'vaoth M'lo Khol Ha'aretz K'vodo. "Saint, Saint, Saint, le Seigneur des multitudes, la terre entière est remplie de sa gloire (Is 6:3)."
Ce chant parfois aussi nommé « hymne de victoire » a été intégré dans le culte juif et repris dans la liturgie chrétienne à partir du 4e siècle, tout d'abord dans les Eglises orthodoxes et catholiques d'Orient. Le sanctus ainsi que les chants liturgiques ont évolué au cours de l'histoire de l’Église. Au texte d’Isaïe ont été ajoutées des paroles du Psaume 148 : "Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire. »
La deuxième partie du Sanctus vient de l'acclamation de Jésus lors de son entrée à Jérusalem (Mt 21:9 ; Ps 118,26). "Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux !" Hosanna est à la fois un cri de supplication (apporte du secours) et une acclamation, un cri de joie. Hosanna rappelle le chant des anges à Bethléem.
Dans le Sanctus, nous sommes au cœur de l'histoire du salut, là où le ciel et la terre se touchent. L'Incarnation (Lc 2), la Passion et la Résurrection (Mt 21) et la liturgie des derniers temps venant déjà du ciel (Ap 4 avec référence à Is 6).
Le spécialiste en sciences liturgiques de Trèves, Marco Benini, écrit concernant le Sanctus qui se trouve dans le Te Deum : « La Divine Liturgie désigne dans la tradition byzantine la célébration de l’eucharistie. Celle-ci se démarque par sa beauté singulière, qui ne saurait être réduite qu'à l'esthétique, puisqu'elle reflète la beauté divine qui se révèle à travers la célébration liturgique comme par un jeu de miroirs. En ce sens, la Divine Liturgie byzantine est une liturgie du Sublime parce qu'elle est une théophanie : elle nous révèle Dieu, son acteur principal, qui est Beau et Bon. »
Le liturgiste des chrétiens de l’Orient, Mgr Nagi Edelby, Beyrouth, écrit : « La liturgie, c'est le ciel sur la terre. Quand nous célébrons la liturgie sur la Terre, nous reproduisons ce qui se déroule actuellement dans le Ciel. Nous sommes en présence de Dieu, en compagnie des anges pour l'honorer, l'adorer, exprimer notre amour devant toute la cour céleste, invisible mais participante. Nous sommes attentifs à célébrer avec elle de tout notre être. »
Le Sanctus nous est parvenu dans une version longue (répétée plusieurs fois) et une version courte, dans plusieurs présentations musicales selon le compositeur.
Pendant le temps de l'Avent, de la Passion et le temps pascal, en tant que pasteur mennonite, j'ai volontiers organisé deux ou trois cultes liturgiques. Bien sûr, avant de célébrer ces cultes peu connus, j'ai informé les membres de la communauté sur le développement de l'histoire de la liturgie.
La plupart des frères et sœurs ont apprécié ces cultes, qui étaient généralement bien fréquentés. Lorsque les cultes avaient lieu le soir, des personnes des Églises protestantes et catholiques y assistaient également.
Je pense que si de telles célébrations étaient proposées dans nos églises, cela contribuerait à une meilleure compréhension des chrétiens et chrétiennes d'autres Églises et qu'un certain nombre des membres les accueilleraient favorablement et les apprécieraient.
Daniel Geiser-Oppliger, Tolochenaz
(Pasteur mennonite retraité)
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